De la Guyane au pèlerinage militaire de Lourdes
Je m’appelle Hubert-Marie TAUTE. Je suis aumônier militaire depuis le 1° novembre 1991 et ordonné diacre à 45 ans dans le diocèse de Poitiers le 12 juin 2004. Marié avec Véronique depuis 32 ans, nous avons un fils de 31 ans, une fille de 28 ans et une petite-fille de 4 ans.
Ma mission d’aumônier militaire m’a donnée l’occasion, après quatre affectations, d’arriver en 2012 dans l’Ouest du département de la Guyane. J’étais affecté auprès des militaires et de leur famille dans le camp de saint Jean du Maroni. Arrivant d’une précédente affectation de quatre ans à Lyon, les problématiques et l’environnement n’étaient plus les mêmes.
Outre les nombreuses patrouilles sur le fleuve Maroni et en forêt, pour accompagner les militaires et gendarmes qui luttaient contre l’orpaillage illégal, j’assurais également sur le camp un suivit de la catéchèse des enfants et des préparations aux sacrements de l’initiation chrétienne. J’ai eu aussi la possibilité de rencontrer, au cours de ces trois années, la population locale riche en diversité de culture, avec les amérindiens, les bushinengués, les créoles, les hmongs, les métropolitains, les brésiliens, les surinamiens, les haïtiens et les chinois. Bien inséré dans la paroisse du Bon Pasteur à Saint Laurent du Maroni, J’ai été très bien accueilli par l’équipe de prêtres et je participais régulièrement à la messe dominicale comme diacre et j’avais également un tour régulier pour les homélies.
Ces trois années ont été un temps fort vécu avec mon épouse Véronique qui avait un poste d’enseignante en collège à Saint Laurent. L’une des particularités du département de la Guyane est que, arrivant de métropole, soit vous réussissez à vous insérer dans ce climat et cet environnement de forêt amazonienne, soit vous êtes vraiment en souffrance. J’ai connu plusieurs conjoints et enfants de militaires, à qui il fallait 5à 6 mois pour s’habituer à cet environnement. La grâce étant avec nous, avec mon épouse nous avons aisément supporté cette affectation et nous avons tisser des liens d’amitié et de fraternité avec beaucoup de personnes et nous étions vraiment prêts à faire une quatrième année. Mais Mgr RAVEL, l’évêque aux Armées, à cette époque, m’a demandé de revenir en métropole car il avait en projet de me confier la direction de la délégation France pour le pèlerinage militaire international de Lourdes. En 2015, j’arrive à Charleville-Mézières dans les Ardennes. Nouvel environnement et nouvelle mission.
Le pèlerinage militaire en chiffres, c’est environ 12 500 pèlerins de 45 pays différents dont 4 500 français. Ce pèlerinage dure trois jours et généralement au mois de mai. Ma mission est d’organiser le programme pour les français en lien avec notre évêque, de gérer les inscriptions, de faire réaliser un livret pour chaque pèlerin et de désigner des concepteurs chargés de concevoir et diriger les célébrations. J’ai avec moi une équipe de trois aumôniers qui m’aide dans cette responsabilité. Comme il s’agit aussi d’un rassemblement international, nous sommes 17 délégations qui se retrouvent en octobre, chaque fois dans un pays différent, pour organiser sur le plan international le rassemblement de l’année suivante. Cette année nous étions à Vienne en Autriche pour élaborer pendant une semaine, le déroulement de la partie internationale du 60° PMI qui se déroulera à Lourdes du 18 au 20 mai 2018. Dans ce programme international, tel ou tel pays est désigné pour mettre en œuvre les célébrations internationales. Pour le 60° PMI la France a en charge la veillée de réconciliation du vendredi soir et la messe du dimanche matin en lien avec la délégation italienne. C’est un travail régulier qui se répartit sur 10 mois entre le 1°septembre et le 30 juin.
Spirituellement, c’est très enrichissant, car on vit de façon très régulière avec Notre-Dame de Lourdes. Affecté depuis l’été 2017 à Metz, je suis loin du lieu géographique des apparitions, et pourtant la présence de Notre Dame est vraiment sensible dans mon quotidien. Et je fais régulièrement référence aux paroles de la vierge à sainte Bernadette du 2 mars 1858 « Que l’on vienne ici prier en procession ».
L’organisation d’un tel rassemblement n’est pas qu’un simple travail, c’est aussi et surtout une démarche de foi et une responsabilité spirituelle, pour que les pèlerins qui arrivent à Lourdes puissent en repartir heureux des échanges mais aussi enrichis de cette rencontre si particulière en ce lieu, avec Notre Dame.