Au service des Sapeurs-Pompiers de Paris…

Je m’appelle Jean-Marie WEINACHTER. J’ai 63 ans et je suis aumônier militaire dans la réserve opérationnelle depuis presque 3 ans. Ordonné diacre pour le diocèse de Paris, il a 4 ans, il m’a été demandé de servir en plus de ma mission dans mon diocèse, la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris.

Elle comprend 77 casernes et représente environ 8 000 hommes. C’est un champ missionnaire un peu dispersé même si le mien est limité géographiquement. L’avantage est que je suis déjà un des leurs et que je sais ce qui se vit au quotidien. C’est un corps d’armée dont les membres sont confrontés à la mort quasiment tous les jours et cela entraine, à un moment ou à un autre, de se poser pas mal de questions sur la vie et sa finalité, sur Dieu et son mystère, son amour des hommes, questions qui rejoignent la vie personnelle de chaque sapeurs. À moi de trouver les mots pour répondre à ces questions et aux autres, et parfois je dois avouer que je ne les trouve pas tous. Les Sapeurs-Pompiers sont majoritairement des hommes jeunes et ils encaissent des choses parfois très violentes. Il faut les aider à surmonter certaines situations dont la pudeur masculine fait qu’ils en parlent difficilement.

Je peux rencontrer n’importe quel Sapeur-Pompier dans n’importe quelle caserne. Que ce soit au réfectoire ou dans le camion, dans la salle de musculation ou à la piscine, le dialogue se noue facilement. Les échanges sont simples, libres, sans réserve, sans jugements et si je ne suis pas sur place, je suis toujours disponible ; on sait où me trouver et de surcroit il y a l’aide, les conseils et l’expérience infiniment précieuse, efficace, amicale mais ferme de l’Aumônier principal dont je dépends.

Il n’est pourtant pas toujours facile de parler de Dieu et de spiritualité dans ce contexte, mais ce n’est pas impossible. On peut aussi être proche des victimes et des familles de victimes en intervention. Souvent, je précise que je suis aumônier et les personnes peuvent s’en étonner, car rares sont celles qui savent qu’un aumônier peut être présent sur intervention. Dans ces circonstances, je peux avoir l’impression que les gens vous écoutent de loin parce qu’enfermés dans leur douleur, ils sont pourtant heureux de croiser un aumônier. En pareil moment, il faut savoir se taire, mais il m’arrive aussi de prier avec les familles touchées par un drame qui les a totalement anéantis.