L’entraînement de football du mercredi…

Une école de la vie pour les plus jeunes

Léandre Cortana a été ordonné diacre pour le diocèse de Créteil en 1997 à l’âge de 47 ans alors qu’il était gardien de la paix et entraineur de football auprès de jeunes de la ville de Valenton. Pendant douze ans Léandre Cortana a été adjoint au maire pour le sport (voir N°156 – février 2012 de DA)
Valenton est une commune de la Banlieue sud de Paris dans le département du Val-de-Marne, diocèse de Créteil.
Ce mercredi 9 avril, au milieu de l’après-midi, le soleil brille de tous ses éclats sur la ville de banlieue cachant mal la tristesse des habitations où vit une population défavorisée, souffrant du chômage, du désœuvrement, de la violence… Mais là, au milieu, un terrain de football tranche par un vert flamboyant, celui de la pelouse synthétique. Léandre Cortana, entraineur et diacre, confiera que les enfants de Valenton méritaient le meilleur, et qu’il s’est battu pour cet équipement bien adapté à la pratique du football.
063Plusieurs groupes de jeunes se répartissent le terrain pour l’entrainement… un de ces groupes compte une dizaine d’enfants de 7-8 ans : garçons et filles ; la plupart d’origine africaine ou antillaise… en revanche, ils sont tous joyeux, heureux d’être là, heureux de tirer au but, de jouer… au milieu d’eux une grande silhouette rassurante : Léandre… Léandre entraineur, c’est l’autorité naturelle qui s’impose sans élever la voix, c’est la bienveillance…
A l’âge de ces enfants, ce ne sont pas les qualités ou vertus sportives qui comptent… L’entrainement du mercredi est d’abord une école de la vie, du vivre ensemble : on dit bonjour, si on fait tomber quelqu’un on le relève, pas de violence, « si tu fais mal à quelqu’un, demande lui pardon, il aura moins mal »… répètera plusieurs fois Léandre… on écoute les consignes… on demande au plus fort de ne pas jouer à fond pour laisser les plus faibles s’exprimer… et il le fait !!
Malgré tout, on est là pour jouer au ballon, les enfants ne s’en privent pas… Léandre encourage, reprend, conseille, explique pourquoi le geste n’était pas bon, félicite…
A la fin de la séance, les enfants s’assoient, à la demande de Léandre ils « relisent » ce qu’ils ont fait : dribbler, shooter avant que le ballon ne touche terre, petit match… C’est un temps d’expression, de complicité, d’écoute mutuelle…
Puis chacun se charge d’une partie des équipements utilisés, pour les ranger dans le local technique…
Il n’y a pas de raison pour que les entraineurs le fassent seuls.
Tout le monde se quitte avec le sourire, les enfants rejoignent les parents ravis.
Dans un espace ludique, au service d’un projet éducatif, Léandre exprime volontiers son bonheur d’être avec les enfants : « De les voir s’ouvrir, s’épanouir est pour moi, source d’une profonde joie intérieure…. »
Jusqu’à peu, Léandre était adjoint au maire pour les questions sportives… entre autres, il a promu cet esprit au service de l’épanouissement des enfants. Le projet éducatif est partagé par les entraineurs du club où il règne un climat de complicité attentionnée.
057Les enfants grandissant, les objectifs de performances sportives prendront plus de place… Les entraineurs ont tous suivis les formations adéquates… et finalement… dans ce climat épanouissant, des enfants émergent, on vient les chercher pour des clubs plus huppés. Léandre, à juste titre, exprime sa fierté : « Valenton est un exemple dans le département ». Investir dans le vivre ensemble, dans l’épanouissement, revient à investir dans un socle solide sur lequel les autres vertus et qualités sportives pourront se déployer.
Léandre parle avec émotion de Mgr Frétellière qui l’appela et l’ordonna comme diacre alors qu’il était plongé dans le service auprès des jeunes…
Léandre témoigne : « Je rends grâce tous les jours pour ces enfants, pour leurs parents, pour la ville. Je fais l’expérience de l’Evangélisation par l’action au milieu des hommes l’expérience de ‘l’Evangile palpé’, du levain dans la pâte, l’expérience de l’amour donné, de l’amour reçu ».
Je suis reparti de Valenton avec le sentiment d’avoir touché de près quelque chose de profondément juste, équilibré… en définitive, très édifiant… Quel exemple !
Gérard Gorthcinsky

Pour la revue DIACONAT AUJOURD’HUI