Maxime, diacre pour transmettre la foi
Ordonné diacre permanent pour le diocèse de Strasbourg le 1er octobre 2022, Maxime Boffy vit sa mission au service des jeunes et des familles de sa communauté de paroisses. Portrait. Par Florence de Maistre.
“Je suis très heureux, encore plus depuis que je suis diacre ! J’ai la chance de m’épanouir dans mon travail, ma famille est le lieu de mon ressourcement, et j’aime beaucoup aller à la rencontre des gens. Notre Dieu est relation. Il m’a créé comme ça : j’ai le grand désir de donner tout ce que je reçois”, lance Maxime Boffy, 41 ans, diacre permanent pour le diocèse de Strasbourg. Ordonné, il y a tout juste deux ans, Maxime est le plus jeune diacre du diocèse Alsacien. Il fêtera l’an prochain ses vingt ans de mariage avec Jessica. Tous deux ont trois enfants : Marilyne, 18 ans, Justine, 16 ans et Pierre, 14 ans.
Fonctionnaire territorial de la ville de Mulhouse, Maxime débute son parcours professionnel comme conducteur de benne à ordures ménagères, pendant onze ans, avant de réussir le concours d’agent de maîtrise et de manager actuellement une équipe de cinq personnes au service d’Allo Proximité. Cette plateforme reçoit les doléances des usagers de l’espace public, entre incivilités et dysfonctionnements. Près de 15 000 signalements sont enregistrés par an, à charge pour l’équipe du technicien-coordinateur de les orienter vers les services compétents. Ce travail se caractérise par la dimension transversale entre les différentes équipes de la municipalité. La mission est pleinement tournée vers les usagers. “Il s’agit de bien saisir les demandes qui se situent parfois entre SOS amitié et les renseignements téléphoniques. Mon équipe a aussi la particularité de rassembler des personnes souvent mises de côté, en rupture dans leurs carrières. Allo Proximité leur permet de rebondir, leur redonne goût au travail en étant utile aux autres. Je trouve que ça va super bien avec la mission diaconale !”, sourit le jeune diacre.
Témoigner auprès des jeunes
Sa mission en Église ? “Premièrement : être diacre, témoin pour ma famille. Ma mission est ensuite tournée vers les jeunes de notre communauté de paroisses. J’accompagnais déjà les enfants vers la première communion avant mon ordination. On m’a demandé de poursuivre ce service. Aujourd’hui j’accompagne le parcours vers la profession de foi et la confirmation, en lien avec les étapes de vie de mes enfants et de leurs copains”, partage Maxime, qui allie dans un même mouvement souci de transmission de la foi et présence auprès de sa famille. Le diacre entend les personnes qui s’éloignent de l’Église, faute de ne pas parvenir à s’y ressourcer, face aux tristes mines des assemblées dominicales. Fort de sa jovialité et de son propre désir de “dépoussiérer l’Église”, en accord avec son curé, il propose un répertoire de chants modernisé et même des chorégraphies sur Glorious et Hopen. “De plus en plus de jeunes nous rejoignent. Ils sont quarante inscrits pour le parcours profession foi – confirmation cette année. Ils sont nos premiers ambassadeurs et interpellent leurs camarades”, assure le catéchiste. Membre du comité de pilotage diocésain pour les JMJ à Lisbonne l’an dernier, Maxime a accompagné les 250 jeunes adultes alsaciens, heureux de manifester avec les autres organisateurs la diversité des vocations dans l’Église. Il reste interpellé par les questions des jeunes au sujet de la sexualité, du mariage, de l’accueil dans l’Église, et touché par les confidences reçues dans la discrétion et le partage d’expérience.
“Mon épouse est également associée à ma mission”, poursuit-il. Après les nombreux week-end consacrés à la formation au diaconat, où la présence de Jessica était requise, ils animent désormais ensemble la communauté des familles de leur communauté de paroisses. Ils rassemblent tous les types de famille, y compris les personnes retraitées et les parents solos et réfléchissent à la façon de leur proposer une vie fraternelle en paroisse et en dehors. “La mission de diacre est de faire le pont entre l’Église et le monde, ce dernier s’étant éloigné d’elle, et de rappeler à l’Église comment fonctionne le monde afin d’éviter l’entre soi. On parle souvent de ministère du seuil, mais je n’aime pas trop cette expression. On a l’impression d’attendre les gens et de leur faire coucou de loin. Je préfère plutôt l’appel à aller aux périphéries : rencontrer les personnes là où elles sont”, relève Maxime. Le diacre a déjà préparé et célébré plusieurs baptêmes. Il s’émerveille de ces foyers qui ouvrent leur porte, leur intimité, et de la confiance accordée. Il a également célébré trois mariages cette année, notamment des collègues de travail. Nombreux sont ceux qui connaissent les engagements du coordinateur de l’équipe d’Allo Proximité et s’interrogent : un homme marié, père de famille qui baptise et marie ? “Nous fêtons les 60 ans du diaconat permanent, ce n’est pas si ancien, ni si ancré. Des collègues en concubinage depuis longtemps sont venus me trouver, pour connaître ma façon de voir et de vivre le mariage, avant de me demander de célébrer le leur. D’autres se sont trouvés invités à une célébration où j’officiais, ont découvert mon approche et se sont un peu réconciliés avec l’Église. Il y a, je crois, mille visages de diacre. L’Église vient nous chercher comme on est pour donner ce que l’on est”, confie le diacre mulhousien.
Accompagner autrement
Certes, il y a un agenda à gérer et des semaines qui se suivent sans se ressembler. Résolument adepte de la “positive attitude” Maxime rappelle ses priorités. Tout d’abord, sa famille, source de joie, puis son travail qui le fait vivre. L’Église arrive ensuite avec le désir de servir. “Je donne ce que j’ai envie de donner, autant que possible, avec des périodes plus ou moins denses. Et ça s’articule toujours bien !”, s’exclame-t-il. Quant au travail en lien avec les prêtres et face à la diminution de leur nombre, Maxime évoque la chance de sa communauté de paroisses, dynamique, qui compte quatre diacres, dont son accompagnateur spirituel membre du Prado, dont un frère diacre ordonné cette année, sans compter un autre candidat au diaconat. Il souligne encore la complémentarité avec le prêtre, qui déléguant davantage selon les tâches et les sensibilités, peut mieux vivre sa propre mission. “Le prêtre est signe du Christ pasteur. Nous, diacres, sommes signes du Christ serviteur”, précise Maxime. Ce dernier a été sollicité pour accompagner autrement les familles éclatées qui souhaitent malgré les épreuves poursuivre l’aventure de la foi. Il a également préparé et célébré un temps de prière pour un couple d’homosexuels qui désiraient mettre Dieu au cœur de leur relation. “Ce n’était pas dans une église, mais je portais mon aube et mon étole. C’était une très belle expérience. J’ai reçu, à la suite de ce temps fort, mille questions de mille autres couples”, relate le diacre.
Parmi les lieux qui le ressourcent, outre son épouse et ses enfants, Maxime affectionne la Vierge qui surplombe le village de ses parents en Haute-Saône. En bas, une reproduction de la grotte de Lourdes permet de se recueillir. Dès que le chemin est praticable, le diacre aime monter jusqu’à la statue et méditer seul ou en famille. Membre de l’association des jardins de la ville de Mulhouse, Maxime dispose d’un jardin ouvrier partagé de 2 ares. “C’est le lieu où je me recentre. Dans ma cabane, j’ai un chapelet et une croix”, précise le jardinier. Fruits et légumes, herbes aromatiques, Maxime cultive aussi des fleurs pour les abeilles et leur œuvre de pollinisation et parce qu’il aime ça, tout simplement. Il reprend : “au début, je suis surtout venu au jardin pour montrer aux enfants ce qui se passe quand on plante une graine : ça porte du fruit. Voilà une parole biblique !” Les autres paroles qui l’habitent ? “Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25, 31-46) et aussi cette citation de Mère Teresa : “Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais si cette goutte n’existait pas dans l’océan, elle manquerait. Qui juge les gens n’a pas le temps de les aimer.” Il explique : “il faut quelquefois accepter de passer le relai. Nous nous apportons les uns les autres. Nous donnons et recevons tout le temps. Le ressourcement est là aussi”. Les jeunes qui s’engagent, les familles qui viennent et reviennent : voilà ce qui encourage Maxime à poursuivre sa mission. Il trouve encore des signes porteurs auprès du pape François, le diacre souligne : “quand je vois ses démarches pour notre Église, quand il rappelle que le Christ vient vraiment pour tous, ça me parle” !