Le signe du diacre

Le signe du diacre

Le diacre est précisément pour l’Église le signe de l’humilité du Christ. Nous avons besoin d’hommes qui véritablement descendent, se mettent à genoux et servent.

“C’était le 7 juillet 1988”, avez-vous commence, Vous vous souveniez du jour, de l’heure… Cela m’évoquait l’évangile de Jean: “C’était environ la dixième heure». (Jn 1, 39). André et l’autre disciple n’ont pu oublier cette heure ou leur existence bascula, celle de la rencontre avec le Christ, qui leur fit dire ensuite d’un mot grec que nous connaissons bien grâce au Pr Tournesol: «Eurekamen », «Nous avons trouvé l » A la suite d’André et de tant d’innombrables disciples du Christ, vous vous souveniez, saisi encore une fois: «C’était le 7 juillet 1988.» Vous étiez un homme de la nuit, dites-vous, un homme de danse et de champagne, par votre métier et sûrement par votre tempérament, un homme de la fête. Au fond, cela se voit encore. Si nous avions le dos tourné, vous allumeriez certainement une boule à facettes dans cette grande salle où le parquet a l’air parfait pour faire des claquettes. Pour le dire rapidement, à l’époque, vous ne meniez pas tout à fait une vie d’enfant de chœur. Un jour, dans cet univers facile et riant qui était le vôtre, un de vos amis vous annonce qu’il a une leucémie. Et, presque malgré vous, vous l’accompagnez. Vous ne savez pas trop pourquoi. C’est comme une évidence. L’amitié, ce n’est pas simplement pour trinquer aux heures glorieuses; c’est aussi venir chaque jour dans une chambre d’hôpital, sous les vilains néons, et s’asseoir là sur la chaise qui grince.

«TOI, VA VERS LES AUTRES»

Mais voilà qu’un triste matin, vous apprenez la nouvelle: il n’ouvrira plus les yeux. Anéanti, vous prenez une fois encore le chemin de l’hôpital, et vous allez voir son corps. Vous ne savez pas trop quoi faire, quoi dire. Ce qui vous vient, étrangement, c’est une vieille prière de votre enfance; vous dites un Notre Père. Et, là, il vous arrive une chose que vous n’aviez ni prévue ni imaginée, qui vous tombe dessus comme le soleil se lève saris demander l’avis des champs de blé. Un bonheur gigantesque vous envahit et vous entendez une voix intérieure vous dire avec insistance: Il est avec moi. Toi, va vers les autres. »

NOUS AVONS BESOIN DE TÉMOINS DE L’HUMILITÉ DU CHRIST

Lavement des piedsQui est cette voix ? Vous pensez à demander conseil au prêtre de la paroisse qui était celle de vos parents quand vous étiez petit. Il vous dit: «C’est jésus qui t’a appelé.» Alors votre vie prend un nouveau tournant. Poussé par cette parole —«Va vers les autres» — vous vous mettez à visiter les malades, pendant des mois qui rapidement deviennent des années. Le prêtre qui continuait de vous accompagner vous dit un jour: «Je te verrais bien diacre. — Même pas en rêve!», vous exclamez-vous. Mais, quelque temps après, un événement bouleverse encore une fois vos plans. Un de vos amis souffre vivement des pieds. Pour le soulager, vous lui proposez de les lui laver. Vous remplissez un baquet d’eau, vous prenez un linge, et… vous comprenez d’un seul coup : jésus vous demande d’être diacre.
Vous êtes devenu diacre permanent. Et ce diaconat, vous le vivez dans le métier qui fut le vôtre pendant trente ans, comme auxiliaire de vie, puis comme visiteur de prison. Ainsi, à travers vous, Jésus continue de laver les pieds. Oui, nous avons besoin de témoins de l’humilité du Christ. Sinon comment nous souviendrions-nous qu’Il est humble ? Le diacre est précisément pour l’Église le signe de l’humilité du Christ. Nous avons besoin d’hommes qui véritablement descendent, se mettent à genoux et servent. Sinon, comment comprendrions-nous que Jésus est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (Mt 20, 28) ?

Famille chrétienne n° 2258 du 24 avril 2021