Témoignages de diacres de Moselle…
Témoignages de diacres de Moselle…
Alain Obrecht, aumônier à l’hôpital de Mercy :
« Nous, chrétiens, nous ne pouvons pas cacher que « si la musique de l’Évangile » cesse de vibrer dans nos entrailles, nous aurons perdu la joie qui jaillit de la compassion, la tendresse qui naît de la confiance, la capacité de la réconciliation qui trouve sa source dans le fait de se savoir toujours pardonnés et envoyés. » (Fratelli tutti, n°277). En accord avec cette conviction forte du pape François, mon vécu diaconal à l’hôpital me donne la spécificité d’être un chrétien reconnu et attendu dans sa manière d’être et de servir. J’ai reçu mission d’être officiellement signe de l’Église catholique au sein d’une structure hospitalière publique et laïque. Pour cela Claudine, Danielle, Dominique, Françoise, Jean-François, Marie-Claude, Michelle et Sébastien forment avec moi cette Église en aumônerie, envoyée pour annoncer la joie de l’Évangile. Cette joie qui nous anime est d’être témoins du Christ et porteurs d’espérance. Comme Lui, elle nous porte à rencontrer notre prochain pour un partage, sans jugement ni discours, dans la confidentialité et la bienveillance d’une écoute fraternelle. Et ce temps de crise sanitaire nous pousse à encore plus de présence et de soutien auprès des personnes malades et leurs familles, mais aussi des personnels hospitaliers, des soignants en particulier. La pertinence de ma mission diaconale se révèle dans l’engagement de m’associer à la vie difficile, mais souvent « extra » ordinaire, qui s’opère en un lieu de souffrances, mais aussi de guérisons et de conversions.
Jean-Paul Lebeau, assure une mission d’écoute à la chapelle Sainte-Croix de Forbach :
Depuis huit ans, deux fois par semaine, je suis dans cette chapelle pour accueillir et écouter les personnes qui le souhaitent.
Mais est-ce que je sais écouter vraiment ? Laisser l’autre se dire, écouter sans jugement, sans à priori, me taire… C’est loin d’être évident, car chez moi ce n’était pas inné. Après un appel de l’Église il y a treize ans, de nombreuses retraites en silence, et plusieurs formations à l’écoute, y compris en soins palliatifs, j’ai essayé de cheminer dans l’art d’écouter. Pour moi, écouter, c’est avant tout demander au Christ de me donner son Esprit de paix et de bienveillance envers les personnes qui se confieront, pour les accueillir sans les juger. C’est être attentif à leur parole, mais aussi aux gestes qui l’accompagnent, au non verbal. C’est encore ne pas donner ma solution ou mon avis, mais aider la personne à la prise de conscience, à pointer ce qui dans sa vie, la relève, la réconforte et l’amène à prendre du recul dans sa situation, pour trouver elle-même le chemin qui est le sien.
C’est avoir l’humilité de répondre « je ne sais pas » à une question, car ma compréhension de ce qui a été évoqué n’est pas la sienne, et je ne possède pas la réponse appropriée à son vécu.
Aujourd’hui, c’est ce chemin de compagnonnage qui témoigne de ma foi et me réjouit le coeur, surtout quand parfois, après un temps, la situation de l’écouté, grâce à son discernement, a évolué, qu’il a retrouvé pas à pas, un sens nouveau à sa vie.
André Viville, aumônier à la prison de Metz-Queuleu :
Je suis diacre depuis bientôt huit ans et aumônier à la maison d’arrêt depuis cinq ans. Cette mission que m’a confiée Mgr Lagleize m’apporte tantôt de vrais bonheurs, tantôt de grandes frustrations de ne pas pouvoir faire autant que je ne le voudrais. C’est à la fois une école d’humanité et d’humilité.
Les personnes détenues que nous rencontrons disent fréquemment : « Vous êtes notre seul lien avec l’extérieur, les seuls interlocuteurs qui nous écoutent vraiment. » Si, selon eux, nous leur apportons beaucoup, cela est tout à fait réciproque. Des liens de confiance se créent avec les personnes détenues, parfois spontanément, parfois après plusieurs visites, mais le seul fait de les écouter, sans jugement, favorise cette confiance.
Sur le plan humain, j’ai découvert un monde que je n’imaginais pas, le monde de toutes les pauvretés (matérielles, psychologiques), les manques d’amour, les dépendances de tous ordres, des femmes et des hommes souvent victimes, avant d’être coupables. Sur le plan spirituel, nous partageons, une fois par semaine, une réflexion sur les textes bibliques du dimanche suivant, et là encore je découvre une interprétation tellement différente de celle que nous avons habituellement entre catholiques « bons pratiquants ». De cette Parole, qu’ils découvrent la plupart du temps, ils ont une lecture bien à eux, ancrée dans leur vie passée, présente et à venir. Leurs questions directes, sans détour, sans a priori, parfois abruptes, me font découvrir la Bonne Nouvelle de façon différente.
Être aumônier de prison ne laisse pas indemne. Pour moi, c’est une perpétuelle remise en cause de ma foi et de mes convictions. C’est un enrichissement personnel et collectif. Bien sûr les confidences des détenus sont parfois lourdes à porter, d’où l’importance de l’équipe et de la compréhension de mon épouse. Comment trouver les paroles de réconfort dont ils ont besoin… même si, au fond, ils ont surtout besoin d’être écoutés, bien plus que conseillés. Aumônier de prison est une mission rude, mais tellement lumineuse.
Thierry Maillot, commercial :
Ordonné par Mgr Lagleize le 11 novembre 2017 à l’église Saint-Nicola de Yutz, je suis un diacre en activité professionnelle. Je suis commercial et je visite les tabacs presse. Étant diacre dans mon travail, je dois savoir représenter ma société mais également l’Église. Cela est moins compliqué que je ne le pensais à mes débuts. L’éventail de ma clientèle est très large : athées, croyants, musulmans, mais aussi des clients qui se posent des questions sur la foi.
En 2020, l’évêque m’a également demandé d’être attentif aux personnes isolées au sein de mon archiprêtré, ainsi qu’à l’après-funérailles. Ce n’est pas évident de démarrer cette mission, en raison de la situation sanitaire compliquée. Il y a quand même quelques personnes que je visite régulièrement, mais avec beaucoup de prudence. C’est une mission vraiment très enrichissante. Il faut surtout savoir rester humble, car les personnes demandent surtout à être écoutées. Pour pouvoir être à l’aise dans certaines situations délicates, je me suis inscrit à une session de formation à l’écoute organisée par le diocèse (mais celle-ci a été reportée à deux reprises à cause de la pandémie).
La prière et la confiance en notre Seigneur sont la meilleure des formations. Il y a cinq ans, je n’aurais jamais imaginé pouvoir prononcer une homélie, mais le sacrement et l’Esprit Saint sont là pour nous y aider. La prière est vraiment l’outil « multiservice ».
Eglise de Metz – Mars 2021