« Diacre de la diaconie, un chemin fait de lutte et de contemplation »

Gilles Rebêche : « Diacre de la diaconie, un chemin fait de lutte et de contemplation »

Gilles REBECHEportrait et témoignage :

La vie de Gilles Rebêche mêle de façon intrinsèque action sociale et vie spirituelle. « Un chemin fait de lutte et de contemplation » qui débute il y a plus de 38 ans, lorsque Mgr Gilles Barthe – évêque de Fréjus-Toulon – l’ordonne diacre pour lui confier l’animation de la diaconie du Var, première née d’Europe…

 

La naissance d’une vocation particulière

C’est à 15 ans, au détour d’un chemin, tandis qu’il cherche à rejoindre le mémorial du Mont Faron, que Gilles Rebêche découvre par hasard la cité de transit du Fort Rouge à Toulon. Une soixantaine de familles y vivent alors dans des maisons préfabriquées à flanc de colline. Sur place, des volontaires de l’association Aide à Toute Détresse – Quart monde l’accueillent, en lui proposant de revenir pour jouer au football avec les enfants et animer la bibliothèque de rue. Cette rencontre sera déterminante et fera naître en lui le désir de se mettre au service des plus démunis. « Cette cité est devenue pour moi une école de la vie, un centre de formation citoyenne et ecclésiale », confie-t-il.
L’appel radical à servir le Seigneur survient quelques années plus tard sur une autre colline, à Taizé où il fête ses 18 ans durant le concile des jeunes. Fasciné par la figure charismatique de frère Roger Schütz, fondateur de la communauté, il s’étonne de ne jamais le voir présider la Sainte Cène et comprend la valeur de cette volontaire éclipse devant le « sacrement de l’Unité ». Ce témoignage fort le marque, et le prépare à sa vocation de diacre – « homme de l’Eucharistie qui ne la préside jamais » – ainsi qu’à sa future mission : « Être là, silencieux, à côté de celui qui préside l’Eucharistie, rappelle à chaque messe que la communion avec tous ceux qui sont sans voix, avec tous ceux qui ne savent plus trouver les mots pour dire leur détresse et appeler à l’aide, est un chemin que la diaconie nous invite à emprunter chaque jour ».

 

Le lancement de la première diaconie d’Europe

Après des études de théologie au séminaire d’Avignon et plusieurs années de service avec l’ATD – Quart monde, Gilles revient en mission au Fort Rouge en 1978. Il écrit alors à une amie : « Au séminaire, on m’a appris où était la porte du Royaume de Dieu, aujourd’hui, j’ai enfin trouvé la clef pour l’ouvrir : c’est l’engagement sans retour aux côtés des plus pauvres ! » Malgré les incompréhensions de son entourage, il choisit de rester diacre pour répondre à son appel à servir les plus fragiles. « Jésus se définit comme diacre, quand il nous dit « moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert (Luc 22, 27) », rappelle-t-il.
En 1982, Mgr Barthe lui confie la mission d’animer la diaconie du Var qui vient à peine d’être lancée, en souhaitant « favoriser la croissance d’une vraie charité : celle qui s’exerce sous la forme d’un service gratuit en faveur des plus démunis d’entre nos frères ». Des pastorales de la considération se mettent en place dans le Var : solidarité, santé, deuil, migrants et prison. D’autres diocèses s’en inspirent… Si bien qu’un grand rassemblement national, Diaconia 2013, se tient à Lourdes en présence de 85 évêques et de nombreux acteurs de la solidarité pour resituer la charité au cœur des communautés.
Aujourd’hui, la diaconie du Var orchestre plus d’une centaine d’initiatives associatives qui – grâce aux 400 salariés et 2000 bénévoles – accompagnent plus de 24 000 personnes par an. Gilles révèle : « On trouve la route, en marchant avec le Seigneur. La diaconie, c’est à la fois un chemin de lutte pour garder le lien avec les pauvres, et un chemin de contemplation devant la vie des gens et la beauté des œuvres de Dieu. »

écrit par Lætitia d’Hérouville

Pour en savoir plus sur sa vocation de diacre et la naissance de la diaconie dans le Var, lire Mais qui es-tu pour m’empêcher de mourir ? de Gilles Rebêche (Les éditions de l’Atelier)