De sous-marinier à aumônier militaire régional

Je m’appelle Christophe BAIL. Je suis diacre permanent et aumônier militaire depuis 13 ans.

Chaque fois que l’on me demande d’où je viens, je réponds souvent de France. Mon papa était journaliste dans des quotidiens régionaux, j’ai beaucoup bougé en métropole.

Je suis né à Nantes, il y a 51 ans. Mes parents sont originaires de Saint Etienne. Comme beaucoup de lyonnais et de stéphanois, leurs vacances privilégiées étaient le Sud de la France, dont le département du Var. Mes grands-parents avaient un petit studio dans la commune du Brusc. Chaque été nous nous y rendions. A l’âge de 12 ans, je suis allé avec mes parents à des portes ouvertes de l’Arsenal de Toulon. J’ai visité un sous-marin diesel et j’ai également assisté à un entrainement de sous-marinier. Depuis ce jour, j’ai eu la vocation de devenir marin. C’est donc à l’âge de 16 ans que j’ai franchi la porte de l’école des mousses à Brest pour ne plus quitter l’armée. Je suis devenu électrotechnicien dans les sous-marins nucléaires. J’ai navigué sur le Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engin « Le Foudroyant » basé à Brest et sur le Sous-marin Nucléaire d’Attaque « Casabianca » basé à Toulon. J’ai effectué à peu près 16000 heures de plongée.

Ce furent pour moi des moments très intenses où j’ai appris entre autres à vivre en communauté.

A Toulon, j’ai rencontré Christine, mon épouse. Nous nous sommes mariés, il y a 26 ans à Saint Etienne. Le Seigneur nous a donné trois belles filles, Laura (26 ans), Catherine (22 ans) et Marie-Thérèse (21 ans).

Christine et moi, quatre ans après notre mariage avons fait une expérience de Dieu qui nous a convertis. Nous avons été accueillis à la paroisse de Sanary sur mer (Var). Là, nous avons découvert une paroisse vivante et aimante. Nous avons cheminé à travers le mouvement « des cellules paroissiales d’évangélisation » qui nous a fait grandir. Surtout, il nous a fait comprendre la grande responsabilité qu’avait chaque baptisé d’annoncer le Christ pour l’édification de son Eglise.

L’appel au diaconat est venu assez rapidement. Après un pré-discernement au diocèse de Fréjus-Toulon, un aumônier militaire m’a proposé de rentrer à l’aumônerie militaire. C’est ce que j’ai fait. J’ai suivi des cours à la carte au séminaire du diocèse de Fréjus-Toulon pendant 5 ans. Entre temps, je suis devenu laïc aumônier.

Le 18 juin 2006, commémoration de l’appel du Général de Gaulle mais surtout solennité du Saint Sacrement, j’ai été ordonnée par Mgr Patrick LE GAL, évêque aux armées à l’époque. L’ordination s’est déroulée sur un bâtiment de la Marine Nationale, le TCD Foudre (transport-Chaland-Débarquement). Je vous rassure, il était à quai.

La devise que j’ai choisie pour mon ordination est une exhortation de St Polycarpe aux diacres « Miséricordieux, empressés, marchant dans la vérité du Seigneur, qui s’est fait le serviteur de tous ». C’est ce que j’essaie de vivre.

J’ai exercé la charge d’aumônier sur l’Arsenal de Toulon et à l’Ecole du Commissariat de la Marine pendant un an. Puis pendant 7 ans, j’ai été l’aumônier militaire de l’Ecole du Personnel Paramédical des Armées où des jeunes filles et garçons se préparaient au diplôme d’Etat d’infirmier. Comme le cursus des élèves est de 3 ans, j’ai pu en accompagner quelques uns et notamment aux sacrements initiatiques.

En outre, j’intervenais dans leurs cours avec mes homologues des autres cultes (israélite, protestant, musulman) sur les thèmes de « la mort, approches religieuses » et « la souffrance ».

Je donnais également un coup de main à l’aumônier de l’Hôpital d’Instruction des armées Ste Anne de Toulon, en faisant des visites auprès des malades, en accompagnant le personnel soignant mais aussi des familles en deuil, et en célébrant des funérailles.

A l’été 2012, Mgr Ravel, évêque aux armées à l’époque, m’a nommé aumônier militaire régional à Lyon.

La fonction est totalement différente de l’aumônier des écoles que j’étais. Dans la présentation sur le diocèse, il est dit que l’aumônier régional représente l’évêque aux armées sur le territoire qui lui est défini.

Une de mes responsabilités est de faire ce lien entre l’évêque, les aumôniers, les autorités militaires, (Officiers généraux, Chef de corps, Commandement de toutes les unités).

Pour résumer, je suis au service de 63 aumôniers (43 prêtres, 9 diacres et 11 laïcs) répartis sur 4 régions administratives : Auvergne-Rhône-Alpes, PACA, Languedoc-Roussillon- Occitanie, Corse.

Comme la superficie du territoire est assez vaste, je dois souvent me déplacer pour rencontrer les différents aumôniers ou les autorités militaires. Je parcours plus de 20000 kilomètres en voiture par an. Pour ce qui est du train, je n’ai pas compté.

Au niveau militaire, je suis placé auprès des gouverneurs militaires de Lyon et de Marseille.

Nous sommes normalement là pour l’aide au commandement relevant de notre compétence.

Lors d’un entretien avec un Général, ce dernier me demandait si les prêtres m’acceptaient en tant que leur responsable, du fait que mon état clérical était inférieur aux leurs. Effectivement on ne plaît pas à tout le monde, mais je lui ai répondu que si on se faisait serviteur, il n’y avait pas de problème, il nous reconnaissait en tant que tel. Cela vaut pour tout poste à responsabilité.

Dès mon arrivé sur Lyon, je me suis présenté au Cardinal Barbarin.  Je lui ai demandé s’il n’y avait pas un prêtre qui voudrait bien d’un diacre. L’aumônerie est très enrichissante au niveau de la mission. Seulement, elle peut être aride. La messe dominicale est peu célébrée dans nos chapelles à part quelques lieux militaires spécifiques. C’est pourquoi, j’ai toujours cru qu’il était vital à un aumônier de faire partie d’une communauté paroissiale. Il est vrai que l’engagement est différent mais riche dans ma vie de baptisé et de diacre. Le cardinal, via ses collaborateurs et après l’accord du curé, m’a proposé de venir dans la paroisse Jean-Paul II de Gerland dans le 7ème arrondissement de Lyon. J’ai retrouvé une communauté où la fraternité se vit concrètement.

Pour l’anecdote, Il est arrivé parfois au cardinal de me dire en me voyant « Ah ! Voici le diacre qui avait peur de s’ennuyer le dimanche. » Je suis très content de faire le lien entre le diocèse de Lyon et celui des armées.