Le jour où le monde jeûnera

Le jour où le monde jeûneraRésumé

« On est foutus, on mange trop, mais qu’est-ce qu’on fera quand on sera gros  ? » On se souvient encore de ce refrain ironique d’Alain Souchon dans sa chanson Papa Mambo. Aujourd’hui, avec toutes les interrogations sur l’avenir de la planète, la nécessité de la sobriété, la santé et l’équilibre de vie, ces mots ne font plus sourire et la pratique du jeûne redevient d’actualité. Animant de nombreuses sessions sur ce thème, Jean-Christophe Normand prend en compte ce contexte nouveau et enracine surtout le jeûne dans une dimension spirituelle.
D’emblée, il situe celui-ci dans l’interpellation biblique, à partir de la figure de Jonas. Si le jeûne nous interroge quant à notre relation à la nourriture, au partage et à l’autre, peut-il être une voie d’édification de soi ? Et si oui, en vue de quoi ? Le Christ lui-même a initié son ministère public par un jeûne et l’a relié à la prière : serait-ce une manière authentique pour nous de le suivre afin de devenir des acteurs de la transformation de ce monde ?

Date de parution: 23/01/2020
Editeur
 : Salvator
Présentation
 : Broché
Nb. de pages
 : 219 pages
Dimensions
 : 13,0 cm × 20,0 cm × 1,7 cm

Jean Christophe NORMAND, diacreJean-Christophe Normand, diacre et animateur de sessions, livre son regard sur cette pratique lors du carême. Un cheminement spirituel qui délie et ouvre à la parole Quel est le désir profond de notre époque ? Un plus grand bien-être ? Plus de justice sociale ? Peut-être aussi une meilleure compréhension de qui nous sommes et du sens de nos existences ? En animant depuis plusieurs années des groupes de jeûneurs, je constate le besoin que nous avons d’être reliés les uns aux autres dans une démarche commune. Il y a une soif de paroles partagées. Car la parole ouvre à l’énergie de ce monde qui nous porte, et plus largement à la vie. C’est sans doute parce que le jeûne délie et ouvre à la parole que, aujourd’hui, les lieux et les propositions de jeûnes de longue durée se multiplient, sans que ceux qui s’y engagent aient toujours conscience qu’ils honorent une longue tradition qui les précède. Rappelons saint Pierre Chrysologue  (docteur de l’Église du Ve  siècle), pour lequel « le jeûne est une charrue merveilleuse pour labourer le champ de la sainteté », vocation essentielle de toute vie chrétienne. Un “au-delà” à ma vie Le jeûne peut être une démarche authentique de conversion sur le plan spirituel. Il donne des ressources pour affronter des étapes de vie, pour faire en quelque sorte du neuf avec du vieux. Il apporte une contribution mystérieuse à l’avènement du Royaume des cieux dans les cœurs, puisque nous sommes dans les temps de l’attente. Jésus (Mt  9,  14-17) surprend ses disciples lorsqu’il leur explique qu’ils n’ont pas besoin de jeûner tant qu’il est avec eux. C’est dans la période qui sépare l’Ascension de la Parousie qu’il sera temps de jeûner. Ainsi, en jeûnant, l’homme œuvre au retour du Christ, en offrant déjà sa propre réponse à l’appel qu’il a reçu à son baptême : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Apocalypse 3, 20). C ’est pourquoi toute démarche de jeûne se doit d’honorer cette question du sens : quel est le désir qui m’habite en venant jeûner ? Est-ce celui de nourrir mon ego, de vivre une expérience métabolique étonnante ? Ou s’agit-il de chercher un “au-delà” à ma vie quotidienne pour mieux me trouver et retrouver mon prochain ? « Celui qui pratique le jeûne doit comprendre le jeûne : il doit sympathiser avec l’homme qui a faim s’il veut que Dieu sympathise avec sa propre faim. » C’est au prix de cet effort, selon saint Pierre Chrysologue, que nous pouvons honorer les trois dimensions constitutives de notre être – corps, âme, esprit. Un changement radical Et nous pouvons alors espérer mieux comprendre ces paroles du théologien orthodoxe Olivier Clément lorsqu’il nous dit que « le jeûne signifie un changement radical dans notre relation avec Dieu et avec le monde. Dieu – et non l’ego – devient le centre et le monde, sa création, un dialogue des hommes entre eux et avec le Créateur » (Corps de mort et de gloire. Petite introduction à une théopoétique du corps, Desclée de Brouwer). C’est dans l’expérience d’un jeûne ouvrant le cœur à ce dialogue d’amour avec Dieu que notre soif est véritablement étanchée et qu’à notre tour nous devenons source vivante pour tous ceux que nous côtoyons.

JEAN-CHRISTOPHE NORMAND