Les aumôniers diacres du diocèse aux armées

FONDEMENTS

L’aumônerie militaire catholique est présente au sein du ministère des armées. Sa base juridique est constituée par les lois du 8 juillet 1880, du 9 décembre 1905, du 16 mars 2005, par les décrets du 1er juin 1964, du 16 mars 2005, par le décret n°2011-1983 du 28 décembre 2011 et par l’arrêté du 16 mars 2005. Ces textes précisent le droit fondamental pour chaque militaire de pratiquer sa religion et les responsabilités du commandement en matière d’exercice des cultes.

Le militaire fait le choix de se mettre au service du pays, en dépassant ses intérêts personnels. Il doit se préparer à vivre des situations exceptionnelles qui le confrontent à la détresse extrême et à la mort. Cette spécificité est la principale raison d’être de l’aumônerie militaire. Leurs familles doivent aussi supporter les conditions et la vie propres à l’engagement militaire : l’absence et l’angoisse générée par la participation aux opérations extérieures, le déracinement géographique… C’est dans ce cadre que se situent la présence et l’action de l’aumônerie, qui apporte à tous les militaires, civils de la Défense et leur famille, l’aide morale et spirituelle qui contribue à l’équilibre du combattant et à la cohésion du milieu. Cette action s’exerce en relation étroite avec le Diocèse aux armées françaises (D.A.F.).

UN DIOCÈSE RÉCENT- UNE MISSION ANCIENNE

Logo-diocèse-aux-armées-francaisesL’aumônerie militaire a vécu pendant les siècles passés dans une situation de fait qui n’était sous-tendue par aucune organisation ecclésiastique.

La première véritable institution de l’aumônerie militaire catholique date du 23 avril 1951 lorsque le pape Pie XII crée la notion de « vicariat aux armées » par l’Instruction Solemne semper qui accorde enfin un statut aux divers organismes érigés localement pour subvenir aux besoins spirituels des militaires. Le Pape se considère alors comme le seul évêque des armées de tous les pays : il délègue ses pouvoirs à un prélat qui devient son vicaire pour chaque pays.

Par le décret Obsecundare votis du 26 juillet 1952, Pie XII organise, à la demande de la France, l’aumônerie militaire de notre pays selon les principes de son instruction de 1951. L’archevêque de Paris est alors désigné comme vicaire aux armées françaises au nom du pape. Cette situation dure douze ans : en 1964 l’archevêque de Paris se décharge de l’aumônerie militaire sur un évêque auxiliaire. Le vicariat prend alors son autonomie en se détachant progressivement de l’administration de l’archevêché de Paris.

Ce processus d’indépendance s’achève avec la constitution apostolique Spirituali militum curae  promulguée par Jean-Paul II le 21 avril 1986. Ce changement de statut sanctionne la réussite de l’expérience lancée par Pie XII. Aux termes de cette constitution le vicariat aux Armées devint le diocèse aux Armées françaises et fonctionne depuis lors comme n’importe quel autre diocèse de France.

Le saint patron du diocèse est saint Louis, roi de France, confesseur de la foi. L’église saint Louis des Invalides (Paris VII°) dite « Eglise des Soldats » a été érigée en cathédrale à la fondation du diocèse.

UN DIOCÈSE SANS FRONTIÈRE

L’Aumônerie militaire Catholique présente une organisation adaptée à celle des armées. Elle constitue, en même temps un diocèse. C’est un diocèse sans frontières, qui n’a pas d’unité géographique, dont le siège est à Paris 6e, rue Notre-Dame des Champs.

Là où l’implantation géographique d’un baptisé suffit à son intégration de droit dans une Eglise locale, territorialement délimitée, ici, c’est la mission – et donc l’engagement professionnel en vue de l’assumer – qui agrège le baptisé au Diocèse aux armées.

Son chef, « l’aumônier en chef du culte catholique », est placé auprès du chef d’Etat-Major des armées. Il est évêque du diocèse aux armées françaises. A ce titre, il participe à la conférence des évêques de France. Il est assisté d’un adjoint – vicaire général – et d’un adjoint par armée (Terre, Air, Mer, Gendarmerie) – aumôniers nationaux. Dans chaque région militaire Terre de défense, il est représenté par un aumônier régional qui coordonne le travail des aumôniers locaux. L’actuel évêque aux armées est Mgr Antoine de Romanet, ordonné et installé le 10 septembre 2017.

UN DIOCÈSE DYNAMIQUE

Le diocèse aux armées est dans une dynamique spirituelle forte. Il vit une période clé, un tournant. Lors sa création, il y a 30 ans, un acte prophétique a été posé, suivi d’un travail de conscientisation de l’appartenance à une aumônerie, avec des orientations, des liens, des commissions… Cette aumônerie était la pierre d’attente pour une dimension diocésaine.

Aujourd’hui on voit monter en puissance cette dimension diocésaine. Le rattachement juridique de diacres et prêtres, la création de la Maison Saint Louis et du séminaire en 2014 sont entre autres les manifestations de ce mouvement. Cette dimension diocésaine est nécessaire pour alimenter la vie de l’aumônerie militaire d’un point de vue spirituel, comme réalité d’Eglise, mais aussi sur le plan matériel : par exemple en flux RH, le diocèse a besoin d’un vivier de recrutement d’aumôniers prêtres, spécifiquement formés. Une vraie pastorale d’Eglise diocésaine déborde le périmètre strict de l’aumônerie militaire catholique.

Enfin, nos aumôniers militaires catholiques, plus qu’ailleurs, sont ancrés dans leur identité. Structurellement intégrés aux armées, ils connaissent leur mission et leur positionnement catholique est assumé. L’aumônier peut donc se concentrer sur sa mission qui est le culte, l’écoute, le soutien, le conseil et l’accompagnement spirituel. La présence d’autres cultes l’oblige également à définir précisément ses contours. Sa posture et sa mission de définissent donc de manière franche et simple. C’est une force.

UN DIOCÈSE EN NÉCESSITÉ DE COHÉSION

Du fait de son éclatement géographique, le diocèse a un effort permanent de cohésion à renouveler. Le Pèlerinage Militaire International – PMI- annuel à Lourdes, point d’orgue des activités proposées par les différentes aumôneries militaires, est l’occasion de manifester cette unité. Il rassemble plus de 12500 militaires français et étrangers et offre l’occasion de célébrer les sacrements de l’initiation chrétienne pour les adultes préparés durant l’année dans les aumôneries.

LE DIACONAT PERMANENT

Le diocèse aux armées a eu des diacres permanents dès sa création. Ils proviennent essentiellement des diocèses territoriaux, et servent un temps aux armées.
Ils peuvent servir à plein temps (statut militaire) ou en réserve opérationnelle (militaire pour 30 jours la première année jusqu’à 60 jours les autres années).
En 2006, à l’initiative de Mgr Le Gal, le premier diacre permanent a été incardiné au diocèse aux armées.
A ce jour, sur le nombre de diacres, un quart le sont au sein du diocèse. On peut le comprendre par leurs origines car beaucoup sont issus du milieu militaire.

Leur formation est hétéroclite du fait que les candidats sont répartis sur tout le territoire national.

En règle générale, comme le diocèse ne possède pas d’équipe de formation, les candidats suivent le parcours de formation du diocèse de leur domicile. Lorsque la formation est achevée et sur décision de l’évêque, les institutions et l’appel au diaconat se font au sein même du diocèse aux armées.

Avant l’ordination, il y a toujours une période d’au minimum deux ans, comme laïc aumônier. Cela permet, d’apprécier le candidat. Il est important de voir comment il s’adapte dans le milieu militaire mais aussi comment il œuvre pour le Seigneur.
Il est pour cela accompagné par d’autres aumôniers ainsi que par son prêtre modérateur. Parfois, il peut arriver que le candidat n’arrive pas à se positionner en tant qu’aumônier, surtout s’il vient du milieu militaire. Car l’aumônier est hors hiérarchie, même s’il est assimilé officier.

La tradition veut qu’il ait le grade de celui à qui il s’adresse.

Les candidats venant du « civil » peuvent rencontrer des difficultés d’intégration, comme par exemple porter l’uniforme, ou bien la discipline.
Cela ne veut pas dire que le candidat n’est pas appelé au diaconat, mais il ne pourrait l’être au sein de notre diocèse.

Dans l’armée comme dans la fonction publique, on ne peut exercer au delà de la limite d’âge. Pour l’aumônier à statut militaire, elle est à 66 ans et à 71 ans pour un aumônier en réserve opérationnelle.

Il y a 2 ans, nous avons eu notre premier diacre permanent incardiné au diocèse aux armées, atteint par la limite d’âge. Ne pouvant plus exercer à l’aumônerie militaire, il rend des services dans le diocèse de son domicile. Une convention est signée entre les deux diocèses.
Pour les autres aumôniers atteints par la limite d’âge, ils retournent à leur diocèse d’origine.
Pour certains, ce n’est pas toujours facile après plus de 20 ans en dehors de leur diocèse. Il arrive parfois qu’ils n’aient plus de ministère, c’est un peu le revers de la médaille.

Fraternité des diacres du diocèse aux arméesComme nous le demande le directoire pour le ministère et de la vie des diacres permanents, la fraternité diaconale se réunit au moins une à deux fois par an.
Le délégué diocésain au diaconat permanent choisit un lieu différent à chaque rencontre même si Paris est le plus central pour nous. Nous profitons de ces rencontres, pour nous former, pour partager et pour découvrir d’autres diocèses. En général, nous demandons à des diacres des diocèses où nos rencontres de fraternité se déroulent de partager sur ce qui se vit chez eux. Je peux vous assurer que c’est à la fois très enrichissant et à la fois, cela nous permet d’élargir notre vision sur le ministère diaconal.

Pour ce qui est de la formation, nous avons également les journées d’étude qui se déroulent en début d’année sur 4 jours. Le sujet est choisi par l’évêque et divers intervenants viennent aborder le thème suivant leurs matières. Dans cette formation, tous les aumôniers doivent y participer. Cela représente environs155 participants. Nous profitons de ce temps pour partager sur nos ministères.

Avant de terminer sur notre sujet, je voudrais parler de la place des épouses. Elle est différente par rapport aux autres diocèses pour deux raisons :

  • La première est due à l’éparpillement des diacres sur tout le territoire. Il est difficile de se réunir tous ensembles. Cela engendrerait un coup financier trop important.
  • La deuxième est dans la vie même du militaire. Quand je suis rentré dans l’armée nos chefs disaient que l’épouse n’était pas dans « le packtage ». Je vous l’avoue, c’est une façon très peu orthodoxe de parler ainsi des femmes. Si elles n’étaient pas là dans le soutien moral et quotidien de l’époux ainsi que de la famille, le militaire ne pourrait pas exercer son métier dans les meilleures conditions.

J’aime souvent dire que toutes médailles que les militaires ont reçues, ils les doivent à leurs femmes. Elles pourraient même leur être décernées.
Tout cela pour dire que l’épouse est plus en retrait. Comme nous provenons pour une majeure partie d’entre nous du milieu militaire, nous en sommes imprégnés.
Cela ne veut pas dire que nous ne pêchons pas sur ce point. Il est vrai qu’il serait bien que les épouses puissent se rencontrer de temps en temps.

CONCLUSION

Le diocèse aux armées est un diocèse jeune par sa création mais il est également composé de jeunes de tous horizons. C’est un réel lieu de mission d’évangélisation qui rejoint très bien l’exhortation du pape François à aller aux périphéries.
Si dans votre cœur, vous sentez un appel à servir un temps dans le diocèse aux armées, n’hésitez pas à nous contacter. Il y a de la place pour les serviteurs qui veulent œuvrer à la vigne du Seigneur dans un milieu inhabituel.

Rédacteurs :

Abbé Christophe BAIL, diacre
Aumônier Florence de St Quentin
Abbé Hubert-Marie TAUTE, diacre
Abbé Christian HEINTZ, diacre
Abbé Jean-Marie WEINACHTER, diacre